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14 mars 2014 5 14 /03 /mars /2014 06:13

" J'ai toujours trouvé la passion incroyablement surestimée, eu égard au ratio énergie / satisfaction qu'elle procure."

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Nelly Alard aurait pu intituler son roman "Autopsie d'une infidélité" ! On y est plongé dans le quotidien d'un couple qui se déchire et souffre suite à un moment d'égarement, il l'appelle "abandon" et en rejette toute responsabilité. Il tient un discours ambigu insupportable tandis que sa femme souffre, dévastée par cette trahison inattendue. Les deux points de vue s'alternent en un enchaînement fluide. 

J'ai trouvé ce roman un peu oppressant et assez juste. Même s'il s'agit d'un thème quasi universel, chaque cas d'infidélité est un cas d'espèce, chaque couple l'affronte à sa manière... Certains sont prêts à tout pardonner, d'autres se retranchent dans une diginté blessée, certains infidèles rejettent la faute sur l'autre, d'autres basculent dans la dépression. Mais c'est toujours un moment douloureux et complexe qui fait voler le couple en éclats pour éventuellement le reconstruire sur d'autres fondements et "Moment d'un couple" retranscrit parfaitement ce moment où tout bascule.

L'histoire tourne malgré tout un peu en rond, sûrement à l'image de la difficulté à se sortir de ce moment où tout ramène sur une mauvaise pente glissante... Mais elle fait réfléchir sur le sens différent que chacun donne à des mots pourtant identiques.

 

"Besoin. Elle détestait ce mot. Le besoin n'avait rien à voir avec l'amour. L'idée même de besoin physique à assouvir, lorsqu'il s'agissait de sexe, la révulsait.. Elle n'admettait quant à elle que le désir, qui pouvait parfois être violent, mais le désir n'exigeait rien, le désir lorsqu'il était comblé ne suscitait qu'émerveillement, gratitude, au contraire du besoin qui était revendicatif, hargneux, qui allait de pair avec le droit, le droit qu'on croyait avoir sur les autres, comme si l'amour pouvait jamais être autre chose qu'un cadeau, un miracle entre deux êtres."

 

"On ne le dit pas assez mais un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécus coexistent à l'intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances. Au final tout cela n'a qu'un rapport très vague avec le temps qui nous sépare de notre naissance cette histoire d'âge, enfin c'est ce qu'il lui semble."

 

"Est-ce que tu ne crois pas, demande-t-elle, qu'à un moment un amour devient unique parce qu'on l'a choisi, est-ce que tu ne crois pas qu'on décide d'aimer, de continuer à aimer, de ne plus aimer ? Est-ce que tu es d'accord qu'il y a une part de volonté dans l'amour ?"

 

"Dire je t'aime, pense Juliette, c'est s'inscrire dans la durée, pas comme dire j'ai envie de toi ou je suis bien avec toi. Dire je t'aime, V a raison, c'est un serment, ça inclut le temps et la globalité, j'aime tout ce que tu es, je t'aimerai toujours ou en tout cas longtemps. On ne peut pas dire je t'aime puis cinq minutes après je ne t'aime plus, mais quinze ans plus tard oui, quelle est la durée de vie implicite du mot je t'aime ?

Pour combien de temps on signe quand on dit ça ?

C'est quoi la durée du bail ?"

 

"Ce truc qu'avaient les femmes avec les mots. Dire je t'aime lui semblait à lui tellement dérisoire. Il lui semblait que l'amour était un continuum de milliards d'instants juxtaposés d'amour de haine de désir de rejet d'indifférence comme les petites cases rouges et noires d'une roulette, tant que la roue tourne à pleine vitesse on ne voit qu'une couleur uniforme lorsqu'on arrête la roue à l'instant T on court un risque,

Le risque de ne pas tomber sur la bonne case,

Le risque de perdre sa mise."

 

"C'est ce désir-là qui manque tellement, dit-elle, pas le plaisir. N'est-ce pas ?"

 

 

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13 mars 2014 4 13 /03 /mars /2014 13:09

HF Thiéfaine est de ces artistes qui font du bien... Décalé, il navigue entre spleen, révolte étouffée, provocation légère et tendresse poétique. Même si je suis beaucoup plus conquise par ses textes magnifiques que par les mélodies un peu lancinantes et répétitives...

 


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6 mars 2014 4 06 /03 /mars /2014 07:46

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"Un tout petit rien" de Camille Anseaume adopte le rythme de son héroïne : ce temps suspendu où l'on découvre la magie d'abriter une petite vie en soi. Mais donner la vie ne va pas toujours de soi, surtout lorsque, comme Camille, il s'agit d'une grossesse inattendue.

J'ai eu l'impression de lire un journal intime. C'est léger, plutôt délicat, parfois drôle. Mais ce roman reste pour moi anecdotique, sans force ni profondeur particulière. On le referme et il ne reste vraiment pas grand chose de ce tout petit rien.

 

"Je n'ai jamais su garder un secret me concernant. J'admire ces femmes dont on devine des zones muettes et des pronfondeurs passées sous silence. J'aimerais dégager leur mystère, au lieu de ça je suis un livre ouvert avec des dessins légendés au cas où ce ne serait pas assez clair."

 

"Les gens qui sont contre l'avortement ne savent pas la chance qu'ils ont. Moi aussi je voudrais n'avoir qu'une seule solution, et un esprit étriqué pour ne pas me poser de questions, je voudrais des jolies oeillères et un gant de fer, et pouvoir me raccrocher à des principes obtus sans savoir ce que j'en pense, confier mon sort et le tien à des certitudes inébranlables.

La seule que j'ai est celle de la liberté. Me voilà bien avancée."

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5 mars 2014 3 05 /03 /mars /2014 07:15

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Je ne vais pas vous mentir, on n'est pas dans la grande littérature de jeunesse... Mais si vous cherchez à faire plaisir à un enfant de deux à cinq ans, Pacôme le fantôme est une valeur sûre !

"Le train fantôme" et "Comment devenir un vrai fantôme en 4 leçons" ont un petit plus : ils sont animés ! Et les animations ont été judicieusement pensées au service de l'histoire. Ca peut sembler évident mais il y a des livres animés avec des animations sans grand intérêt ! Oui oui, c'est un sujet sensible...

Bref, Pacôme apprend à traverser les murs, à voler, à devenir invisible... et grâce à la magie de l'animation c'est le lecteur qui le guide dans son apprentissage de fantôme.

Et puis la simplicité de l'histoire a un avantage : au bout de quelques lectures, les enfants peuvent se la raconter tous seuls... mot pour mot !

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1 mars 2014 6 01 /03 /mars /2014 07:07

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Quand Frédéric Lenoir propose un voyage philosophique, je le suis sans hésiter... surtout sur le chemin du bonheur ! On y croise des sages orientaux et des philosophes antiques et modernes. C'est d'ailleurs un des aspects de ce livre que j'ai préféré : découvrir qu'au-delà des siècles et des cultures on retrouve une même vision du bonheur.

En refermant ce livre, j'ai eu l'impression d'avoir fait quelques pas en direction de ce petit papillon insaisissable !

"à certains égards, il est aussi insaisissable que l'eau ou le vent. Dès qu'on pense s'en être emparé, il nous échappe. Si on tente de le retenir, il s'enfuit. Il se dérobe parfois là où on l'espère et surgit à l'improviste au moment le plus inattendu."

 

Une citation d'Epictète a particulièrement retenu mon attention : "Nul ne peut te faire de mal si tu ne le veux pas. Car tu subiras un dommage quand tu jugeras que tu subis un dommage."

Cette façon de voir les choses doit donner une force incroyable et permettre de ne pas se laisser dévaster par une déception par exemple... puisqu'on ne la considère pas comme une déception !

 

J'aime aussi beaucoup cette phrase de Platon : "l'homme le plus heureux est celui qui n'a dans l'âme aucune méchanceté"

 

Mais finalement je crois que ma vision du bonheur est celle de Christian Bobin : "Je suis heureux et rien n'en est la cause" !

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28 février 2014 5 28 /02 /février /2014 06:35

metro.jpgcrédit photo : Kot

 

Elle avait tant ressassé la même histoire qu'elle en était pétrie. Elle était cette histoire. Jusqu'à l'écoeureurement. On dit qu'on a parfois besoin de toucher le fond afin de remonter. Elle avait besoin de s'étourdir en boucle de sa déception amère pour... pour quoi en fait ? La digérer ? Mais elle s'ancrait un peu plus à chaque rumination, comme un couteau s'enfonçant lentement dans sa chair.

Ce jour-là, c'était un mardi, l'hiver commençait à s'adoucir, elle était en route pour un rendez-vous, quand le métro s'était immobilisé dans un fracas désordonné. Elle n'avait rien à lire, son portable ne captait pas et elle avait commencé à paniquer, assaillie par ses éternelles cogitations douloureuses. Mais dans l'obscurité souterraine, une lumière avait jailli : enfin éloigner ces pensées nocives, les remplacer par tout ce que la vie avait de doux et joyeux. Et lentement, le couteau se retira de son coeur.

 

Atelier d'écriture proposé par Leiloona

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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 17:49

Polina

 

J'avais découvert Bastien Vivès avec "L'amour", une BD humoristique, mais je n'avais vraiment pas accroché à son humour cru et cynique. Mais depuis, j'ai lu "Le goût du chlore", "Amitié étroite" et "Polina" et je préfère clairement cet auteur dans ce registre plus profond. En peu de mots, Bastien Vivès sonde la psychologie, les aspirations profondes de ses personnages et on vibre en vivant leurs histoires.

 

"Polina" retrace le parcours d'une jeune danseuse : ses débuts, ses hauts et ses bas, son premier amour et sa relation avec le professeur qui l'a formée.

Le trait de l'auteur, esquissé, un peu flou, peut déconcerter mais il colle à l'histoire, aux personnages qui se cherchent. Et ce flou lui permet également de varier l'air de rien la physionomie d'un personnage, le faisant apparaître de différentes façons en fonction du regard qui le contemple...

Les réflexions qui émaillent le récit peuvent, je pense, parler à chacun d'entre nous même si elles se réfèrent à la danse :

 

"Un artiste est en permanence insatisfait car il recherche une certaine perfection. Mais ce n'est qu'à la fin de sa vie qu'il pourra se rendre compte de la valeur réelle de ce qu'il aura réalisé."

 

"Les gens se trouvent toujours de bonnes raisons avant d'agir. Sachez qu'il n'y a pas de bonnes ou mauvaises raisons, et que les gens qui se justifient ont déjà perdu."

 

"Les gens ne voient pas ce qu'on ne leur montre pas."

 

"Il ne sert à rien d'aller le plus haut possible, si on ne prend pas le temps de contempler."

 

Et j'ai été touchée par la façon dont Bastien Vivès parvient à retranscrire la complexité de la relation maître-élève où, malgré les apparences, un échange se crée, un lien fort et précieux.

 

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9 février 2014 7 09 /02 /février /2014 15:07

prison-break-2013.jpg

crédit photo : Marion Pluss

 

Nous nous étions toujours ignorés, fuis même... Nous n'avions rien en commun : les Deudés étaient des êtres plats, sans relief, laborieux. Nous les regardions de haut, avec dédain. Ils affichaient pourtant un petit sourire incompréhensible. Comment pouvait-on se satisfaire de cette vie misérable ? Nous, les Troidés, étions flamboyants, libres et fiers. Nous pouvions nous déplacer à notre guise tandis que les Deudés étaient condamnés à raser les murs...

 

Et puis, il y a eu la Grande Peur. Ceux qui ne l'ont pas connue ne peuvent pas comprendre. C'était d'ailleurs incompréhensible, on n'avait rien vu venir. Les Deudés s'en sont beaucoup mieux sortis, peut-être parce qu'ils étaient protégés par leurs murs. Nous n'étions plus si fiers ni flamboyants. Parfois, je me surprenais à avoir envie de m'aplatir, de me fondre dans un mur. Nous baissions la tête pour ne pas avoir à croiser le regard des Deudés, ne plus voir leur petit sourire qui semblait dire "On vous avait prévenus..."

 

J'errais, désoeuvrée, je revenais souvent dans des endroits du passé, où j'avais été heureuse, mais tout avait changé, tout était triste et dévasté. Peut-être aussi parce que je l'étais. Les Deudés s'étaient remis au travail, ils rebâtissaient ce qui avait été détruit et je me sentais inutile, vaguement honteuse. Je n'osais pas les regarder. Un Deudé me dévisageait pourtant avec insistance. Même si je détournais les yeux, son regard me brûlait la peau. Je finis par trouver le courage de lever les yeux vers lui, je croisai son regard pétillant qui me dévorait, son sourire délicieusement enfantin. Mon visage s'échauffa, je murmurai : "Je peux vous aider ?" Il tendit la main à travers le mur et je vis qu'il n'était pas si plat, juste différent. Et ça me plaisait bien.

 

Atelier d'écriture proposé par Leiloona

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7 février 2014 5 07 /02 /février /2014 19:50

C'est grâce à Ori que j'ai découvert cet album d'Olivier Ka et Martine Perrin qui est une petite merveille.

 

mon-arbre-a-secrets.JPG

 

"Dans mon jardin, tout au fond, il y a un grand arbre. Et dans cet arbre, il y a tous mes secrets."

Un enfant confie à un arbre ses secrets : petits secrets, secrets farfelus, imaginaires ou terribles... Les secrets s'envolent dans le monde entier et d'autres enfants les ramassent pour les ranger dans une boîte. Est-ce que tous les enfants ont les mêmes secrets ? Le rythme de la narration posé et les illustrations épurées incitent à la rêverie et la réflexion. Les languettes, fenêtres, volets à soulever sont introduits avec ingéniosité au service de l'histoire.

Il se dégage beaucoup de douceur et de poésie de cet album qui donne envie de courir confier ses secrets à un arbre, au fond du jardin ! 

 

arbre-a-secrets.JPG

La page préférée de mon fils... Maintenant il ne nous reste plus qu'à fabriquer notre arbre à secrets !

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7 février 2014 5 07 /02 /février /2014 00:42

 

Sur la pointe des pieds

Se hisser

Dessiner dans l'air

Des esquisses éphémères

 

Virevolter

Faire des tours et détours

Indécis, léger

S'envoler

 

Suivre une lueur qui virevolte 

Et se dérobe 

La suivre pourtant

Jusque dans un tunnel ondoyant 

 

Tenter de la rattraper

Obstiné, courbé

Finir par ramper

Ignorant la douleur

Et la peur

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