Je suis allée au Festival Series Mania au Forum des Images, qui permet de découvrir de nouvelles séries, de revoir des séries cultes et surtout d'en parler avec les réalisateurs et scénaristes. J'ai ainsi pu assister à une rencontre avec Matthew Weiner, le scénariste de Mad Men qui a analysé un épisode de la série et découvrir la série The Affair, commentée par son réalisateur, Hagai Levi. L'originalité de cette série réside dans l'alternance de deux points de vue mettant en relief la subjectivité des souvenirs.
J'ai regardé la mini série Olive Kitteridge du coup le roman dont elle est tirée m'intrigue... Mais la vraie découverte pour moi c'est l'acteur Peter Mullan. Je suppose que tout le monde le connaît mais j'étais sous le choc tant il dégage quelque chose de fort, profond et magnétique.
Toujours dans les mini séries, j'ai été conquise par "The slap", l'adaptation du roman éponyme de Christos Tsiolkas. Chaque épisode (8 au total) se base sur un personnage et la façon dont l'événement central a priori insignifiant (la gifle donnée à un gamin insupportable au cours d'un barbecue) l'affecte. Psychologique à souhait et passionnant !
J'ai même été d'avantage conquise par la série que par le roman grâce à ce découpage qui lui insuffle plus de dynamisme.
J'ai enfin fini "Academy Street" de Mary Costello. Et j'ai bien fait de m'accrocher. Dès que Tess arrive à New York, cela devient plus vivant même si c'est un personnage fondamentalement passif. Apeurée. Victime. Mais touchante. J'ai pensé à "Une vie" de Maupassant ou "Un coeur simple" de Flaubert en le lisant, version irlando-new yorkaise.
J'ai également fini par terminer "Un membre permanent de la famille" de Russel Banks, un recueil de nouvelles. J'ai bien aimé mais j'ai trouvé qu'il manquait un petit quelque chose... Pourtant, les personnages sont marquants et les situations ne le sont pas moins. Mais c'est comme s'il manquait un maillon pour que l'identification puisse jouer, pour moi en tout cas. J'en conserve tout de même cette image absurde dans un style Norman Rockwell d'une femme mûre noire sur le toit d'une voiture menacée par un chien de garde.
Au cinéma, j'ai enchaîné les déceptions...
Je suis allée voir l'oscarisé Birdman. Un film à vous dégoûter de la batterie. Je l'ai trouvé prétentieux, creux et vain, filmé en un plan séquence qui donne la nausée. Difficile de s'attacher au héros interprété par Michael Keaton. Quant à la love story de second plan, elle est tout simplement abandonnée en plein milieu du film, comme si le scénariste n'avait pas su où la mener...
Le résultat est étrange et déconcertant... la trace qu'il m'en reste : une caméra qui tournoie, une batterie lancinante et un homme névrosé en colère.
Mais finalement, ce qui me dérange, ce sont peut-être surtout les critiques dithyrambiques qui m'avaient donné d'autres attentes.
Autre déception : Big Eyes. J'adore l'univers de Tim Burton sauf que... on ne le retrouve absolument pas dans ce film. Pourtant, l'histoire, inspirée d'une histoire vraie - celle de la peintre Margaret Keane - est intéressante mais je l'ai trouvée mal racontée. Christoph Waltz surjoue de façon exaspérante, Amy Adams s'en sort comme elle peut mais il n'y a pas grand chose à sauver. La scène du procès m'est apparue comme une mise en abyme du film : les jurés s'y ennuient de la même manière que nous, spectateurs... En fait, le moment que j'ai préféré c'est à la fin du film, lorsque l'on voit des images de la vraie Margaret Keane aux côtés d'Amy Adams.
Enfin, je suis allée voir "Journal d'une femme de chambre" sans attente particulière et... j'ai passé un bon moment ! J'ai trouvé ça bien joué, j'ai aimé la façon dont l'atmosphère y est retranscrite. Ce n'est pas un chef d'oeuvre mais un agréable moment de cinéma et finalement ce n'est déjà pas si mal !
Niveau expo, je suis allée voir Bonnard à Orsay : lumineux et magnifique !
Et dans un registre totalement opposé, "Fatum" de Jérôme Zonder à la Maison Rouge, très dérangeant.
Ce parcours labyrinthique nous immerge dans l'univers de l'artiste qui a couvert jusqu'au sol et aux murs de ses dessins torturés. On a réellement l'impression de pénétrer dans son monde le plus intime, il semble d'ailleurs nous y inviter avec un dessin d'homme s'ouvrant le crâne. Mais c'est une plongée dans une sorte d'enfer en noir et blanc où les enfants sont sadiques, où la folie et la violence nous guettent à chaque coin de parcours. Pour finir, on traverse une pièce complètement noire avant de trouver, enfin, un peu de lumière. Mais après tant de noirceur, on se dit qu'il s'agit d'un paradis illusoire.
J'ai trouvé cette exposition oppressante. Je l'ai parcourue quasiment au pas de course, angoissée par ce qui m'attendait ! Pour tout vous dire, un gardien a même dû m'éclairer le chemin au moment de la pièce noire tellement j'étais sur les nerfs...
Un art brut sans concession déconseillé aux enfants et personnes sensibles.
Dans le genre art un peu dérangé et vaguement troublant, Thomas Lerooy est exposé au Petit Palais. Ah ce jardin... Des canetons viennent d'y naître !